Le carnaval de Venise bat actuellement son plein, et ses points forts sont certainement les incroyables costumes et masques. Aujourd’hui encore, la tradition séculaire du carnaval vénitien conserve quelque chose de magique et de mystérieux, et cela est dû précisément aux masques typiques.
Le carnaval de Venise remonte au moins à 1094, date à laquelle il a été mentionné pour la première fois. C’était la période de l’année où les gens avaient la possibilité de cacher leur identité, leur sexe et leur classe sociale. Les masques permettaient à chacun, hommes et femmes, d’être et d’agir comme il l’entendait, de transgresser s’il le souhaitait. Il s’agissait d’un événement social que la République de Venise, normalement très stricte, avait habilement autorisé car il donnait aux gens, et surtout aux classes sociales les plus modestes, une période à consacrer entièrement à la fête et à l’amusement, à la musique et à la danse. Une période d’insouciance pendant laquelle on pouvait oublier les devoirs de la vie quotidienne, se libérer des préjugés et des jugements. On dit que même les prêtres et les religieuses profitaient de l’événement pour faire des escapades amoureuses…
Au moment du carnaval, lorsqu’on se promenait dans les calli (rues) de Venise, il était courant d’entendre « Buongiorno Siora Maschera ! ». Les masques étaient si populaires et appréciés que les fabricants de masques, appelés « mascareri », avaient même un statut. Ils appartenaient au même groupe de travail que les peintres et étaient aidés par des « targheri », qui imprimaient des visages peints sur le stuc, représentant parfois des traits ridicules et exagérés.
À Venise, les masques n’étaient pas seulement utilisés pendant la période du carnaval ; ils étaient autorisés par exemple le jour de la Saint-Étienne, considéré comme le début du carnaval à Venise ; jusqu’à minuit le mardi gras, qui clôturait les célébrations du carnaval ; pendant les 15 jours de l’Ascension ; et pendant tous les événements les plus importants, comme les banquets officiels ou les fêtes de la République.
Parmi les masques vénitiens typiques, les plus célèbres sont les suivants :
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Bauta
La Baùta est l’un des masques vénitiens les plus connus et les plus populaires.
Il se compose d’un masque blanc particulier appelé larva (le mot Larva vient du latin et signifie « fantôme » ou « masque ») ; un chapeau tricorne est placé par-dessus, et un manteau sombre, le tabarro, complète la tenue.
La baùta était très utilisée pendant la période du carnaval, mais aussi à de nombreuses autres occasions ; au théâtre, par exemple, lors de fêtes, de rendez-vous galants ( !), et chaque fois que quelqu’un voulait avoir la liberté de courtiser ou d’être courtisé, dans un total anonymat.
La forme particulière du masque permet à celui qui le porte de manger et de boire sans avoir à l’enlever. Il était utilisé aussi bien par les hommes que par les femmes, bien qu’il s’agisse d’un costume essentiellement masculin.
Moretta
Peinture du Carnaval de Venise
La Moretta était le déguisement préféré des femmes. Il consistait en un petit masque ovale en velours foncé, porté avec un chapeau et agrémenté de voiles. Il était utilisé par les femmes lorsqu’elles allaient rendre visite aux religieuses. Le style Moretta a été importé de France et a été rapidement adopté à Venise car il permettait de mettre en valeur les traits féminins.
Les personnes qui portaient le masque Moretta ne pouvaient pas parler car elles devaient tenir un petit bouton dans leur bouche pour le maintenir en place. Cela correspondait particulièrement bien à l’esprit du carnaval de Venise, car les femmes pouvaient ainsi conserver un anonymat total et se livrer à toutes sortes de jeux interdits.
Gnaga
Masque typique de gnaga au Carnaval de Venise
Un autre masque typique du Carnaval de Venise est le Gnaga, utilisé par les hommes pour se déguiser en femmes. Le costume se compose de vêtements féminins de tous les jours et d’un masque à l’apparence féline ; le porteur du masque porte souvent un panier contenant un chaton et se fait passer pour une femme du peuple, en émettant des sons stridents et des miaulements.